Après les neiges reviens le printemps [Tien Yu]

Observant les navires sur les eaux de Sizheng, écoutant les rumeurs des environs, le général Ing ce rendait alors compte que la cité lui avait manqué. Il y a de cela un mois, notre protagoniste eut temporairement quitté la cité portant le masque d’un étranger afin de rendre visite à sa sœur. Cependant son retour était primordial, nombreuses rumeurs de tension entre les deux nations ont su ce frayer un chemin à travers les rivières et les vallées afin de se déposer dans les oreilles d’Ing. Certes la famille possède une certaine importance, toute fois la nation doit être sa priorité.

Errant au port, observant les navires tranquillement faire le retour alors que d’autres quittaient, notre protagoniste était plonger dans un profond silence songeant au calme avant l’éventuel tempête qui s’annonçait à l’horizon. Oh cette tempête n’a rien à voir avec les relations entre Funan et Sizheng, mais plutôt avec l’obscure nuage qui semble ce former au loin. Les sombres prunelles d’Ing devenaient de plus en plus obscures avec la perte de lumière derrière les nuages couvrant tranquillement les cieux. Le soleil de mi-jour était déjà passé, ses errances allaient prochainement s’achever.

Faisant demi tour, croisant quelques figures familières, des signes mineurs de respect mutuels furent échanger entre les quelques passants et le général. Son absence fut remarqué, cependant bien que physiquement sa personne ne fut présente à Sizheng, son autorité en tant que grand militaire ce faisait toujours sentir. D’ailleurs, qu’en est-il de ses hommes? L’hiver fut vigoureux, cependant même la cruauté de la saison froide n’avait pas été une excuse pour se relâcher. Alors que le printemps eut débuté, durant les quelques semaines de son absence, Ing eut nommé certains de ses meilleurs hommes afin de s’occuper de petite divisions. Il eut rencontré quelques un d’entre eux depuis son retour, cependant d’autres ne lui ont toujours aucunement fait part des progrès.

Déambulant en tant qu’âme solitaire, il fit pause à une maison de thé, lieu de son prochain rendez-vous. Retrouvant les visages familier des propriétaires et des employer de la maison, notre protagoniste fut chaleureusement accueillit en ce lieu. À la demande du général Ing, il fut isolé dans une salle privée loin des regards et des rumeurs. Laissant aux responsables de l’endroit quelques instructions concernant la façon de traiter un confrère qui devait sous peu le retrouver.

Qu’avait fait Tien Yu pendant tout ce temps? Il avait continué de faire ce qu’il faisait d’habitude, parce qu’il se débrouillait bien et ce que c’était tout ce qu’il était capable de faire. Il était chevalier et pendant l’hiver, les routes étant difficiles pour les montures, il n’avait pas effectué beaucoup de sorties. Toutefois, Tien Yu ne manquait jamais à son devoir et tous les jours il allait s’occuper de son cheval, fidèle compagnon depuis quelques années déjà. Parfois, ses camarades riaient de lui à ce propos, disant que l’animal ressemblait beaucoup à Tien Yu au niveau du caractère. La bête était d’humeur joyeuse la plupart du temps. Dans les prés, c’était le plus cabotin de tous. Durant les expéditions, c’est aussi lui qui s’arrêtait systématiquement à chaque affluent pour boire de l’eau. Là-dessus, on ne manquait pas de faire référence au fait que Tien Yu ne refuse jamais un verre d’alcool. Devant toutes ces moqueries, le jeune homme se contentait de sourire. Pour rien au monde il ne changerait de cheval, même s’il savait qu’un jour il n’aurait pas le choix de se séparer de lui lorsque l’animal se ferait vieillissant.

En ce magnifique jour du printemps, Tien Yu devait retrouver son supérieur le général Ing Heng Shan. Ce dernier s’était absenté durant une bonne partie de l’hiver, lui confiant le commandement d’une petite division temps qu’il serait au loin. Tien Yu avait été très honoré par la confiance dont avait fait preuve le général à son égard, mais il s’était vite rendu compte qu’il n’avait pas vraiment l’âme d’un commandant. Ce n’était pas qu’il avait de la difficulté à se faire écouter. Au contraire, les hommes sous son commandement pendant cette brève période de temps avaient fait tout ce que le garçon avait ordonné. Toutefois, Tien Yu détestait donner des ordres. Il était plus du genre à se tenir dans l’ombre et à obéir. C’est surprenant quand on sait qu’il est très sociable et aime être entouré, mais ce l’est nettement moins de la part d’un homme n’aimant pas la guerre.

Tien Yu n’aimait pas la guerre, mais il se battait, car c’était la seule chose qu’il savait faire. Il le faisait aussi pour protéger les personnes qu’il aimait, mais il rêvait du jour où il ne serait plus obligé de prendre les armes. Lorsque ce jour viendra, il s’achètera une jolie petite maison pour la femme qu’il épousera et emploiera le restant de sa vie à la rendre heureuse. Évidemment, il ne comptait pas abandonner ces bonnes vieilles habitudes à faire la fête. Non, Tien Yu restera toujours… Tien Yu!

Bon, pour l’instant, il devait faire vite. Il avait rendez-vous avec le général et il avait déjà du retard. La veille, il avait célébré avec les membres de sa division le retour d’Ing Heng Shan et il avait un peu mal à la tête. Le réveil avait été difficile, plus qu’à l’habitude. Après s’être lavé, il enfila ses plus beaux vêtements et se dirigea vers le salon de thé où devait l’attendre son supérieur. Dès qu’il entra, il fut accueilli par des salutations de la part de vagues connaissances qu’il avait connues lors de ses soirées dans les tavernes. On connaissait Tien Yu de réputation et on ne manquait pas de le saluer partout où il allait. Sans doute le général entendit de grands éclats de rire venant de la salle principale. Nulle ne doute que c’était le chevalier qui arrivait. D’ailleurs, il s’attarda un peu plus longtemps en bas, retenu par le doux sourire de la fille du tenancier. Le jeune homme ne pouvait s’empêcher d’être charmeur en présence d’une femme. Toutefois, son devoir le ramena à la raison. Un dernier sourire et Tien Yu se dirigea vers les salons privés.

— Pardonnez-moi général pour mon retard.

Il s’inclina bien bas, sachant qu’il allait certainement être sermonné pour avoir trainé des pieds.

Silencieusement assit dans la sale privée qui lui fut donné par la maison de thé, notre protagoniste attendait patiemment l’arrivée de Tien Yu comme les fleures attendent l’arrivée du printemps. Savourant en solitaire le thé qui lui fut servit, laissant la douce chaleur du breuvage glisser le long de sa gorge, notre protagoniste conserva les yeux clos écoutant les diverses rumeurs qui pouvait tout de même ce rendre à ses oreilles à travers les panneaux qui le séparait des autres visiteurs de la maison. Des rires, des discussions sages, des secrets, nombreuses rumeurs courraient les mures, cependant une rumeur familière à su attirer son attention. Cette voix distinctive, cette même voix qui possède une tendance à charmer les demoiselles, le jeune Tien Yu était dans la maison. Il ne s’agissait à présent que d’une question de temps avant que la jeune figure apparaisse devant les yeux du général Ing.

Comme prévu, il entendit les panneaux s’ouvrir et voilà que le jeune Tien Yu ce tenait devant lui faisant ses excuses pour son retard. Ouvrant ses yeux, regardant la silhouette du chevalier de Sizheng ce dessiné, d’un geste de la main le général invita le jeune homme à le rejoindre. Sans toujours avoir prononcé le moindre mot, il servi le thé à son vis-à-vis, puis reprit une gorgé. Certes cette rencontre ne sera sans doute pas pour socialisé une maximum, mais simplement afin d’obtenir un rapport de ce qui c’est passé lors de son absence, mais mieux vaut exécuter le tout dans un endroit confortable. Ouvrant finalement la bouche afin de parler, la voix grave et sombre du général fit écho dans la pièce.

-Les fleurs son capable d’attendre une saison entière pour le retour du printemps, ma personne est bien capable de démontrer un peu de patience elle aussi.

Buvant un peu de thé, observant l’état dans lequel son vis-à-vis c’est présenté devant ses yeux, le général Ing semblait jusqu’à présent relativement satisfait de Tien Yu, cependant il ne peut faire un jugement complet sans connaitre l’historiques des évènements qui ce sont produit en son absence.

-Alors Tien, quel est votre rapport sur les évènements de la saison froide?

Il avait déjà une petite idée de comment le tout c’était produit, principalement dû à ses autres rencontres précédentes avec divers confrères militaires, mais aussi un peu à cause des rumeurs concernant le jeune chevalier de Sizheng. Il connaissait déjà la réputation de celui-ci avant même de quitter pour l’hiver, mais cela ne l’avait tout de même pas empêché de vouloir tester les capacités du jeune homme à mener. Nombreux hommes, des connaissances de notre protagoniste, possède une tendance à parfois un peu abuser de l’alcool lors de festivité. Après tout, ils ne sont que des hommes. S’ils parviennent à vivre dans un nirvana dû a l’ivresse, tant mieux pour eux, cependant lorsque le moment est venu il faut être capable de vaincre les démons de l’alcool et savoir posséder un esprit lucide. Devant lui il s’agissait d’un très bon soldat, un très bon soldat qui ne possédait pas trop tendance à ce faire remarqué, mais tout de même ce dernier a su suffisamment attirer l’attention de notre protagoniste afin qu’il puisse lui confier certaines tâches… à présent est venu le moment de voir le résultat de cette confiance.

Tien Yu était toujours un peu plus nerveux qu’à l’habitude en présence d’Ing Heng Shan. D’un naturel sociable, il n’avait pas de difficulté avec les gens, mais cet homme restait son supérieur et il ne pouvait s’empêcher d’être impressionné par la prestance naturelle d’Ing Heng Shan. Il faisait toujours preuve d’un tel calme. C’est sans doute cette qualité, combiné à une vive intelligence et un esprit tactique redoutable, qui faisait de lui un général si respecté. Tien Yu avait été honoré par la confiance qu’avait démontrée le général en lui laissant le commandement d’une petite troupe pendant son absence. Il espérait avoir été à la hauteur même si ce n’était peut-être pas fait pour lui le commandement d’une troupe. Quoi qu'il en soit, son général lui pardonnait les quelques minutes de retard qu’il avait. Malgré cela, il était un peu honteux par son comportement qui n’était pas aussi exemplaire, qui devrait l’être en présence de cet homme. Il s’inclina donc quand même à nouveau avant de faire le rapport, raison de leur présence à tous les deux dans cette maison de thé.

— Il n’y a aucun incident notable à mentionner. Les choses se sont plutôt bien déroulées, même si je n’avais pas toujours l’impression qu’on m’obéissait réellement.

Devant Tien Yu, une tasse de thé attendait pour lui. Il en prit une gorgée avant qu’elle ne devienne trop froide pour être consommée. Il n’était pas un grand amateur de thé, mais la saveur de ce dernier était assez forte pour lui plaire.

— Ce que je veux dire par là, c’est que ces hommes m’ont toujours vu comme leur compagnon un peu turbulent, toujours partant pour aller écumer les tavernes et raconter des récits de guerre plus ou moins embellis selon la quantité d’alcool ingurgité. Certains ont été surpris par ma nomination et ils n’ont pas hésité à m’en parler. Moi-même, sur le coup, je n’ai pas compris pourquoi vous m’aviez choisi. Quoi qu'il en soit, on m’a écouté parce qu’ils n’avaient pas le choix, craignant les répercutions sans doute au moment de votre retour, mais sinon, il n’y a rien de vraiment notable à raconter.

Tien Yu se retourna pour fouiller dans un sac de lin qu’il avait apporté. Il contenait les rapports écrits qu’il avait rédigés soigneusement chaque fois que les hommes devaient se rendre quelque part. Comme c’était la saison froide, il n’y en avait pas beaucoup. Toutefois, Tien Yu et les autres avaient eu à effectuer quelques missions d’escortes. Le plus souvent, il n’y avait aucun incident. Toutefois, lors de leur dernière sortie, le groupe fut attaqué par un groupe de brigands. Ces derniers furent décimés, mais deux hommes sous la responsabilité de Tien Yu furent blessés. Heureusement, les plaies étaient superficielles, mais le jeune homme aurait largement préféré que tout le monde s’en sorte sans la moindre égratignure.

— Nous avons aussi un décès à regretter. Zhou Chu-Jung est mort suite à une infection des poumons. La maladie fut très virulente cette saison. Moi-même j’ai été malade. Heureusement, je m’en suis bien tiré, mais Chu-Jung…

Chu-Jung était un ami proche de Tien Yu. Ils avaient plus ou moins le même âge et avaient grandi ensemble. Il savait que Chu-Jung avait une santé plus fragile depuis qu’il avait été gravement malade enfant. Toutefois, il ne pensait pas qu’il serait aussi facilement emporté dans la force de l’âge.

— Ses funérailles ont été très belles. On m’a demandé de prononcer quelques mots pour lui, parce que j’étais son ami, mais aussi son supérieur à ce moment-là. J’ai pris la liberté de dire à sa famille que vous passeriez les voir à votre retour. J’espère que cela ne vous dérange pas. Je crois qu’ils aimeraient entendre de votre bouche que leur fils a été un bon soldat.